Le joueur de violon, série des Gobbi, 1621-1625

 

Le département des Estampes et de la photographie poursuit la numérisation d’œuvres d’artistes majeurs conservés à la Réserve. A la fin de l’année 2012, 900 gravures de Jacques Callot ont été mises en ligne sur Gallica après avoir été numérisées par l’atelier Azentis.


Commencé par l’abbé de Marolles au XVIIe siècle, augmenté sous la Restauration, peu d’œuvres de Callot sont aussi complets que celui de la BnF. Sur les 1400 pièces que compte son œuvre, les 900 plus importantes, conservées à la Réserve, ont été numérisées. Si un graveur français est resté célèbre depuis plus de 300 ans, même au-delà du cercle des amateurs d’estampes, c’est bien Jacques Callot (1592-1635), peut-être le seul nom du XVIIe siècle que le grand public connaisse aux côtés de Rembrandt.
Né à Nancy dans une vieille famille au service des ducs de Lorraine, il se forma au burin à Rome, avant d’être initié à la pratique de l’eau-forte à Florence, à partir de 1612 environ, où il entre au service du grand-duc de Toscane, Cosme II de Médicis, et de la grande duchesse douairière, Christine de Lorraine, jusqu’en 1621, traduisant dans ses estampes l’engouement de la Florence du début du XVIIe siècle pour le théâtre, les fêtes et les cérémonies (La Guerre de beauté, 1616).

En 1621, rentre à Nancy où il y travaille pour le duc de Lorraine Charles IV et pour les ordres religieux. Il publie des séries de planches très populaires, qui pour certaines ont dû être commencées à Florence : grotesques et difformes Gobbi. Se succèdent La Noblesse lorraine, série de grandes figures féminines et masculines élégamment vêtues ; Les Gueux, 25 planches de figures de mendiants à la puissance d’expression remarquable; et enfin la série peut-être la plus fameuse de Callot : Les Grandes Misères de la guerre. A travers les 17 planches qui se succèdent en séquences narratives, on voit la vie des soldats depuis leur enrôlement jusqu’à leur récompense pour leur victoire par leurs supérieurs. On voit aussi des planches où les soldats se livrent à des vols, des destructions, viols et meurtres, ils sont alors punis par leurs commandants, ou attaqués par des civils.

À partir de 1625 ou 1626 son terrain d’action s’élargit aux Pays-Bas, grâce à la commande du Siège de Bréda par les troupes espagnoles en 1625, par l’archiduchesse Isabelle, gouvernante des Pays-Bas espagnols. Dans cette immense gravure de planche 146 x 166 cm, Callot rassemble en une seule grande scène ce qui en réalité s’est passé en plusieurs batailles. En 1633, Callot se rend fréquemment à Paris où la plupart de ses œuvres sont éditées depuis 1630 environ par son compatriote Israël Henriet. Il y grave une Vue du Pont-Neuf et une Vue du Louvre très pittoresques, dessinées lors d’un passage à Paris.

Une des compositions les plus originales de Callot reste La Tentation de saint Antoine, d’autant plus intéressante  que l’artiste va en concevoir deux versions successives à près de vingt ans d’écart, qui sont à la fois stylistiquement et techniquement différentes.
Le 24 mars 1635, à peine âgé de quarante-trois ans, Callot meurt à Nancy, alors qu’il avait le projet de partir se réinstaller à Florence. Il n’aura pas d’élèves directs mais à la suite de ses découvertes techniques et de la diffusion de son œuvre, se formera peu à peu une véritable école d’aquafortistes français. Nombreux seront les peintres et les graveurs qui s’inspirèrent de ses travaux, quand ils ne les copièrent pas, ce qui est encore un beau témoignage de l’importance et du succès de l’œuvre originelle.

Sources : Extraits du texte de Vanessa Selbach, Département des Estampes et de la photographie sur le blog de Gallica