La Grande vague, Sète, n°17, Gustave Le Gray, ©BnF

C’est dans les ateliers d’Azentis installés au cœur de la BnF- Site Richelieu que nos photographes ont numérisé des tirages photographiques de Gustave Le Gray (1820-1884), figure centrale de la photographie du XIXè siècle. Parmi eux, La Grande Vague, Sète, n°17, une de ses œuvres les plus connues. Toutes les images sont consultables, bien sûr, sur le site Gallica.fr.

Autoportrait de Gustave Le Gray, ©BnF

 

 

 

Inventeur et artiste, Gustave Le Gray se distinguait par sa maîtrise de la technique photographique, au niveau de la composition comme au niveau de la lumière. Il met au point deux inventions majeures, le négatif sur verre au collodion en 1850 et le négatif sur papier ciré sec en 1851. Il suit dans un premier temps un enseignement pour devenir peintre, mais c’est dans la photographie que sa réputation s’établit et qu’il reçoit ses premières commandes.

 

Il fit entre autre partie, au début des années 1850, de l’équipe de cinq photographes sélectionnés par la commission des monuments historiques pour recenser les monuments du territoire national. Et de 1852 à 1860, il fut le photographe officiel du Second Empire. C’est à cette occasion qu’il réalisa la première photographie officielle d’un chef d’Etat français, Louis-Napoléon Bonaparte.
Gustave Le Gray a eu une grande influence sur l’évolution de la photographie en tant que pratique artistique : « Pour moi, j’émets le vœu que la photographie, au lieu de tomber dans le domaine de l’industrie et du commerce, rentre dans celui de l’art. C’est sa seule véritable place, et c’est dans cette voie que je chercherai toujours à la faire progresser » 1. Il maintient la tradition de l’atelier d’artiste en faisant de ses ateliers des lieux d’apprentissage pour les élèves mais aussi des salons ouverts au milieu artistique.

Les photographies de Le Gray, cérébrales autant que sensibles, se distinguent entre toutes, dans la prise de vue et dans le tirage, par la perfection de l’équilibre et par la recherche de l’« effet ». Elles frappent par la variété des tons, par la vigueur du clair-obscur, et reposent souvent sur la combinaison des lignes, des plans et des volumes.

Sur les côtes normande, méditerranéenne et bretonne, il réalise une série de Marines d’une grande beauté entre 1856 et 1858. Dans La Grande Vague, Sète, n°17, 1857, il utilise la technique des ciels rapportés pour donner au paysage l’intensité dramatique qu’il souhaite. À cette époque, il était difficile, à cause des différences de luminosité, de reproduire simultanément ciel et paysage. Le Gray contourne ce problème en réalisant des tirages en deux temps, à l’aide de deux négatifs (l’un pour le paysage, l’autre ensuite pour le ciel, d’où le terme de ciel rapporté). L’œuvre a fait sensation, pas seulement pour le tour de force technique, mais également pour l’effet poétique qui en résulte, sans précédent dans l’histoire de la photographie. Ses marines sont l’exemple parfait de la technique du collodion mise au service de l’esthétique.

Le triomphe de ses marines en France et en Angleterre en 1857 et 1858, les critiques enthousiastes, les achats nombreux d’amateurs de l’Europe entière montrent que Le Gray avait trouvé un équilibre entre création et commercialisation de son travail. Ces photographies sont aujourd’hui encore présentes sur le marché de l’art, elles remportent beaucoup de succès et son œuvre, La Grande Vague fait partie des 15 photos les plus chères de l’histoire.

1. Le Gray, La Lumière, 14 au 21 février 1852

Sources : sites Wikipédia, Lense, Gallica, et BnF.